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**paralcesse** · Mar Aoû 05, 2014 9:35 pm

Transcription d'un article du journal Le MATIN sur un refuge d'oiseaux à Paris (20 février 1938).
(source : gallica.bnf.fr)

Au carrefour des boulevards de Courcelles et Malesherbes, depuis de longs mois, durant toute la journée, malgré la densité du trafic, pigeons, moineaux et verdiers s'ébattent par compagnies entières. Les pigeons s'établissent par centaines sur le large trottoir situé devant l'immeuble du 31, boulevard de Courcelles. Les passants ne les dérangent pas. Ces oiseaux sont des amis de Mme François..

C'est, en effet, à Mme Francois, propriétaire de l'immeuble, qu'ils rendent quotidiennement visite. Elle organisé dans sa maison un vaste refuge pour oiseaux, probablement unique à Paris.
Les fenêtres du troisième étage et les mansardes du cinquième sont réservées aux moineaux et aux verdiers. Ils trouvent à profusion chaque jour, dans des paniers, des victuailles de choix. Toutes les graines dont ils sont friands leur sont constamment offertes blé, riz, chènevis, alpiste.

Pour les pigeons, les distributions de vivres sont faites, soit sur le trottoir devant la maison, tous les matins, à 10 heures et demie très exactement, soit dans une pièce du quatrième étage dont les deux fenêtres ont été enlevées et où des mangeoires sont regarnies durant toute la journée.
La pièce des pigeons n'est pas seulement utilisée pour les oiseaux qui ont manqué la distribution du matin ou pour ceux qui se sentent encore en appétit l'après-midi. Elle constitue également un hôpital-clinique pour les pigeons de Paris.

Infirmerie-clinique

Souvent des oiseaux sont blessés par des automobiles ou quelquefois même par des enfants. Recueillis par les passants, les blessés sont remis à la concierge du refuge. Soignés avec dévouement par Mme François, ils peuvent séjourner pendant toute leur convalescence dans l'infirmerie où ils sont même protégés par leur bonne hôtesse contre la brutalité de leurs camarades bien portants. Dans le monde des pigeons, comme dans celui des hommes, la bonté et la douceur ne sont pas vertus dominantes. Une fois rétablis, les convalescents n'ont besoin d'aucun exeat pour reprendre leur vie aventureuse. Par l'embrasure des fenêtres sans carreaux ils peuvent repartir d'un coup d'aile à la conquête de Paris.

Quand Mme François quitte la capitale pour de brèves vacances, des collaboratrices continuent à assurer la subsistance de ses amis les oiseaux. Et par testament en bonne et due forme, elle a même spécifié qu'une partie considérable de sa fortune devra être consacrée à nourrir les oiseaux parisiens.
Les pigeons du boulevard de Courcelles, qui n'ont jamais été à pareille fête, sont chaque jour plus gras et chaque jour plus nombreux. Deviendront-ils un jour aussi célèbres que ceux de la place Saint-Marc, à Venise ?
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Documentaliste. En souvenir de LIMATOM.